Si vous vous êtes déjà intéressé à l’achat d’un chat de race, vous avez peut-être remarqué que beaucoup d’éleveurs préfèrent vendre leurs chatons déjà stérilisés ou castrés. Cette pratique peut surprendre au premier abord et amener certaines questions : pourquoi ne pas laisser les futurs propriétaires décider de la reproduction ? Est-ce que cela est légal ? Découvrons ensemble les raisons derrière cette préférence et ce que cela implique, aussi bien pour les éleveurs que pour les nouveaux propriétaires de ces petites boules de poils.
Un chat de compagnie n’est pas un chat de reproduction
Quand un éleveur vend un chat en tant qu’animal de compagnie, cela signifie généralement qu’il ne considère pas ce chaton comme un bon candidat pour la reproduction. Bien sûr, cela ne veut pas dire que l’animal n’est pas magnifique ! Cependant, des détails comme l’espacement des yeux, l’angle des oreilles ou encore la forme du museau peuvent légèrement diverger des standards stricts de la race. Ces petites différences font qu’il n’est pas souhaitable que ce chat transmette ses gènes, même si elles ne l’empêchent pas d’être un compagnon idéal pour une vie de famille.
De plus, certains éleveurs, après des années de travail pour affiner leurs lignées, refusent de vendre des chats non stérilisés par crainte que leur labeur ne soit compromis par des croisements mal adaptés. Ils veulent s’assurer que leur lignée soit maintenue dans le respect des critères précis de la race. Les éleveurs ont souvent vécu des expériences frustrantes ou décevantes avec des mariages inappropriés qui ont abouti à des résultats indésirables. Ils sont donc prudents quant à qui ils confient un chat en reproduction.
La reproduction féline, contrairement à ce que l’on pourrait croire, ne se résume pas à accoupler deux chats. Elle requiert des connaissances approfondies en génétique, des années d’observation des résultats des portées, et une vigilance constante en matière de santé. Un bon éleveur passe de nombreuses heures à effectuer des échographies, des tests ADN, et à suivre les chats tout au long de leur vie reproductive. Il est donc normal qu’ils ne confient ce travail qu’à des personnes ayant des compétences et une éthique similaire à la leur.
Élever des chats : un métier à part entière
Beaucoup de personnes pensent qu’élever des chats est simple, mais la réalité est toute autre. L’élevage de chats est un véritable métier qui nécessite des connaissances techniques, un engagement personnel et beaucoup de temps. Il ne suffit pas de faire reproduire un mâle et une femelle pour obtenir des chatons en bonne santé et conformes aux standards de la race.
Les éleveurs doivent avoir une connaissance approfondie de la génétique et des maladies spécifiques à la race qu’ils élèvent. Ils doivent également être capables de gérer la socialisation des chatons, de contrôler la consanguinité, et d’intervenir rapidement en cas de complications lors de la mise-bas.
Il faut aussi offrir des conditions d’élevage optimales : des espaces propres, sécurisés et adaptés pour les chats et les chatons. Le processus d’élevage comprend aussi le sevrage des petits, qui doit être fait dans les meilleures conditions possibles. Un éleveur dévoué peut même devoir nourrir au biberon une portée entière si la mère rencontre des difficultés, parfois pendant des jours ou des semaines entières, nuit et jour.
Les professionnels de l’élevage prennent leur travail à cœur et beaucoup ont suivi une formation spécifique, comme l’ACACED (Attestation de Connaissances pour les Animaux de Compagnie d’Espèces Domestiques) en France. Cela leur permet de maîtriser les besoins des chats, tant au niveau physique qu’émotionnel, et de garantir un suivi sanitaire irréprochable.
Pourquoi un chat stérilisé est-il souvent plus heureux ?
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, un chat de compagnie stérilisé peut être plus heureux et moins stressé qu’un chat entier. Les hormones jouent un rôle important dans le comportement des chats, notamment ceux destinés à la reproduction. Un chat entier peut être plus agité, plus territorial et moins tourné vers les interactions avec sa famille humaine. Il peut aussi développer des comportements indésirables, comme uriner hors de sa litière pour marquer son territoire.
La surpopulation féline est également une réalité préoccupante, avec de nombreux chats nés sans contrôle qui finissent souvent abandonnés ou malheureux. La stérilisation permet de prévenir ces situations en limitant les portées non désirées et en assurant que chaque chat puisse avoir une maison aimante. De plus, il est prouvé que la stérilisation réduit le risque de certaines maladies graves, telles que les infections utérines et les tumeurs mammaires chez les femelles, ainsi que les problèmes de prostate chez les mâles.
Les chats stérilisés jeunes, en particulier avant leur puberté, sont souvent plus équilibrés sur le plan comportemental. Ils marquent moins leur territoire et ont moins de chances de prendre du poids de manière excessive en vieillissant. La stérilisation précoce est une pratique courante aux États-Unis depuis les années 1980 et est recommandée par des organismes spécialisés comme l’American Association of Feline Practitioners (AAFP) et l’International Society of Feline Medicine (ISFM). Ces organismes suggèrent de stériliser les chatons entre 6 et 14 semaines, avant même qu’ils ne quittent leur éleveur pour rejoindre leur nouvelle famille.
Est-ce légal d’imposer la stérilisation d’un chat ?
Juridiquement, en France, le chat est toujours considéré comme un “bien meuble”, selon le Code civil. Cela signifie que, une fois la vente conclue et la propriété transférée, l’éleveur ne peut plus exiger la stérilisation de l’animal. Conformément à l’article 544 du Code civil, le propriétaire a le droit de disposer de son bien comme il l’entend, à condition de ne pas enfreindre les lois en vigueur, notamment celles concernant la maltraitance animale.
Cependant, certains éleveurs mettent en place des systèmes pour inciter les propriétaires à respecter leurs conditions. Par exemple, ils peuvent retenir le pédigrée du chat jusqu’à ce qu’une preuve de stérilisation leur soit envoyée. Bien que cette pratique soit courante, elle peut être juridiquement contestée, car vendre un chat de race implique de fournir tous les documents nécessaires, y compris le pédigrée.
D’autres éleveurs demandent parfois un chèque de caution, qui ne sera encaissé que si la stérilisation n’est pas effectuée dans le délai convenu. Là encore, cela peut être perçu comme une tentative de contrôle sur l’acheteur après la vente, ce qui est contraire au principe de liberté de propriété.
Il est important de noter que, si un éleveur décide de stériliser un chaton avant la vente et informe l’acheteur, cette pratique est tout à fait légale. En revanche, vendre un chat stérilisé tout en prétendant qu’il est destiné à la reproduction serait considéré comme de la tromperie et passible de sanctions.
Conclusion : un acte éthique et responsable
L’achat d’un chat de race implique de comprendre et de respecter les règles éthiques mises en place par les éleveurs. La stérilisation des chats de compagnie est une mesure préventive qui vise à protéger la race et à éviter des reproductions non contrôlées, souvent entreprises par des particuliers sans les connaissances nécessaires.
En tant que futur propriétaire, il est essentiel de faire preuve de responsabilité et d’accepter ces conditions si l’on souhaite adopter un chat de race. Les éleveurs sérieux seront toujours prêts à partager leur expertise avec ceux qui désirent réellement se lancer dans l’élevage, à condition que cela se fasse dans le respect des standards et avec un engagement éthique.
En fin de compte, choisir un chat déjà stérilisé, c’est opter pour la tranquillité d’esprit, la santé de votre animal et la préservation du patient travail des éleveurs passionnés. Vous accueillerez ainsi un compagnon heureux, en bonne santé et prêt à partager de merveilleux moments à vos côtés.
